La vengeance de l'orgeuil (où un dialogue muet avec Seika)

Tel un fantôme sorti de nulle part, il arriva en face de la grande église de pierre. Ses cheveux blonds encadraient son visage impassible. Mais au fond de lui, Pride n’était pas impassible…Lorsque l’on touchait à son orgueil il ne pouvait plus vraiment rester calme. Or, ce qui venait de se passer l’avait mis assez en colère. Il avait besoin de tuer, de découper, de trancher, de sentir le sang l’éclabousser, puis de repeindre la pièce en rouge, de goûter les boyaux, de jouer avec les cervelles, d’arracher le cœur encore vivant et de le sentir battre une dernière fois dans sa main. Il voulait tuer.

Il entra d’une démarche lente et assurée dans le grand bâtiment froid. A l’intérieur, il y faisait chaud, il y avait de la lumière et des chants, des cantiques précisément. C’était la messe, il y avait beaucoup de monde. Et tous les regards se braquèrent sur lui lorsqu’il entra dans la pièce en faisant rentrer le vent froid. Ses yeux vides, sa tenue, l’ouroboros tatoué sur son bras, son tatouage…Ils virent tout de suite qu’il n’était pas humain. Le silence tomba lentement, les chœurs cessèrent de chanter et tous se demandaient ce qu’il se passait. La porte derrière lui claqua lourdement, et il y eut un cliquetis lorsque le loquet les enferma tous à l’intérieur. Certains se levèrent, et le prêtre vint à sa rencontre. C’était un homme grand, la peau basanée, une moustache et le crâne rasé. Il avait une grande toge verte reliée par une ceinture rouge. Il était méfiant, mais parce qu’il était le fils de Dieu, il s’approcha.

-Qui êtes-vous étranger ?

-Et vous… ? répliqua Pride.

L’homme sourit, visiblement un peu rassuré. Les autres gens se rassemblaient, un air inquiet encore sur le visage. Certains hommes semblaient prêts à sauter sur Pride au moindre geste suspect.

-Je suis le fils de Dieu, mon enfant…Et vous êtes la bienvenue ici. Néanmoins, je dois avouer que votre tenue nous laisse perplexe, nous citoyen d’Ishbald. C’est pourquoi afin d’éviter toute confusion, il serait bon que vous vous présentiez.

Il sourit à nouveau, et voyant le regard des gens, Pride compris. Il le prenait pour son autre Moi, celui d’une autre vie. Envy lui avait dit qu’il était très connu celui-là, qu’il aidait les humains. Il aimait les humains, il se battait pour eux. Il était mort pour eux.

-Moi je suis…

Sa main empoigna le visage du prêtre, deux doigts s’enfoncèrent dans les orbites, et le reste lui broya le crâne.

-Je suis le fils du diable.

Au départ, un long silence, puis des cris stridents, et des mains qui tentèrent d’empoigner Pride, qui souriait maintenant. Oui, il souriait de plaisir.

Des éclairs bleus surgirent et des pics sortirent de terre, empalant les hommes qui avaient tenté de s’en prendre à l’homunculus qui surgit de cet amas avec sa faux dans la main. Il effraya encore plus les gens qui tentèrent de fuir vers la porte de sortie, et la seule qu’il y avait, Pride l’avait condamnée. Il avança à son aise, pas du tout pressé d’exterminer ces victimes. Sa faux à la main, un certain sourire sur le visage, les yeux vides d’expression, et déjà tâché de sang, il marchait droit sur eux. Une femme, tout près de lui maintenant murmura :

-La Mort…

-Oui, répondit-il.

Et le massacre commença…

Plus tard, bien plus tard, Pride fut enfin calmé. Assis au centre de ce qui fut autrefois un lieu de paix et d’amour, il avait sa faux en main, et le regard perdu dans le vague. Partout, des cadavres jonchait le sol, horriblement mutilé pour la plupart, femmes, enfants compris. Du sang dégoulinait encore paresseusement des cheveux devenus rouge de Pride. Le pire était peut-être qu’il y en avait partout : du plafond, au sol, d’un bout à l’autre de l’église, de façon régulière ou non, il souillait la maison de Dieu. Dieu qui n’avait pas fait le moindre geste pour sauver ses enfants. Ils étaient morts de façon horrible et Il n’avait pas bronché. A la place, l’ange noir de l’orgueil s’était chargé de faire passer sa colère sur eux.

La colère de Dieu n’existe pas. La colère des homunculus, oui.

Et c’est ainsi que Pride le voyait.